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hypocrite, qu’on ne pouvoit expliquer autrement l’intérêt qu’il prenoit à un tel vaurien.

Thwackum et Square opinèrent dans le même sens, animés tous deux, surtout le dernier, d’un vif sentiment de jalousie. Tom approchoit de sa vingtième année, il étoit beau, bien fait, et mistress Blifil, à en juger par les encouragements qu’elle lui donnoit, sembloit le voir de jour en jour d’un œil plus favorable.

M. Allworthy ferma l’oreille à leurs insinuations perfides, il approuva la conduite de Tom, il loua l’ardeur de son zèle, et regretta que de pareils traits d’amitié ne fussent pas plus communs.

Mais la fortune qui ne favorise guère des étourdis tels que notre ami Tom, peut-être pour les punir du peu d’hommages qu’ils lui rendent, se plut à dénaturer toutes ses actions, et à les présenter à M. Allworthy dans un jour beaucoup moins avantageux, que celui sous lequel sa bonté les lui avoit montrées jusqu’alors.