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Or, la bière étant la liqueur favorite des historiens modernes, peut-être même leur muse, si l’on en croit Butler, qui la regarde comme la source de l’inspiration, il convient que le lecteur n’oublie pas non plus d’en boire ; car, tout livre doit se lire avec le même esprit et de la même manière qu’il a été fait : aussi le fameux auteur d’Hurlothrumbo disoit-il à un savant évêque, que si sa grandeur n’avoit pas senti le mérite de sa pièce, c’est qu’elle ne l’avoit pas lue un violon à la main, comme il en tenoit un lui-même en la composant.

Afin d’éviter la sécheresse et la monotonie de nos modernes histoires, nous avons pris soin d’enrichir la nôtre de comparaisons, de métaphores, de descriptions, et d’autres ornements poétiques. Cette variété, destinée à remplacer la bière et à rafraîchir l’esprit, préviendra l’assoupissement dont le lecteur n’a pas moins de peine à se défendre que l’auteur, dans le cours d’un long ouvrage. Sans de certains repos ménagés avec art, la meilleure narration, si elle étoit toute simple, toute nue, lasseroit l’attention la plus infatigable. Il faudroit avoir la faculté qu’Homère attribue à Jupiter d’être inaccessible au sommeil, pour soutenir la lecture d’une gazette en plusieurs volumes.

C’est au lecteur à juger si nous avons bien