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ploi qu’il avoit fait de l’argent, il refusa de le lui dire.

« Oh ! oh ! s’écria Thwackum, vous ne me le direz pas ? eh bien ! les verges vont me l’apprendre. » C’étoit le moyen dont il se servoit, d’ordinaire, pour éclaircir les cas douteux.

Déjà Tom étoit placé sur le dos d’un domestique, et l’exécution alloit commencer, quand l’arrivée de M. Allworthy procura au patient un sursis. L’écuyer l’emmena dans une pièce voisine, et lui fit en particulier la même question que Thwackum.

« Monsieur, dit Tom, il est de mon devoir de ne vous rien cacher. À l’égard de mon lâche tyran, c’est avec un bâton que je prétends lui répondre, et j’espère être bientôt en état de le payer de cette façon de toutes ses barbaries. »

M. Allworthy le réprimanda sévèrement sur la manière indécente dont il osoit parler de son maître, et sur les projets de vengeance qu’il annonçoit contre lui. Il le menaça de l’abandonner, s’il entendoit jamais sortir de sa bouche de pareils propos, ne voulant être, lui dit-il, ni l’appui, ni le bienfaiteur d’un vaurien. Il arracha ainsi de Tom quelques marques de repentir peu sincères. Notre jeune homme brûloit de se venger des faveurs cuisantes qu’il avoit reçues tant de fois de la main du pédagogue. M. Allworthy le détermina