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tous deux interprétoient en leur faveur, et à son avantage.

Non content de flatter ses maîtres en face, il saisissoit l’occasion de les louer en leur absence. Lorsque son oncle applaudissoit aux sentiments de religion ou de vertu dont il avoit soin de se parer, il ne manquoit point d’en attribuer le mérite aux instructions de Thwackum et de Square. Il savoit que M. Allworthy répétoit ces éloges aux personnes intéressées, et l’expérience lui avoit appris combien le théologien et le philosophe y étoient sensibles ; car de toutes les sortes de flatterie, la louange indirecte est la plus séduisante.

Blifil ne tarda pas non plus à s’apercevoir de la satisfaction que causoit à M. Allworthy lui-même, le panégyrique de ses instituteurs. L’excellent homme y voyoit une preuve manifeste de la sagesse de son plan d’éducation. Frappé des imperfections de l’enseignement dans nos colléges, et des dangers auxquels les mœurs de la jeunesse y sont trop souvent exposés, il avoit pris le parti d’élever chez lui son neveu avec son fils adoptif, espérant les préserver ainsi tous deux de la corruption presque inévitable dans les écoles publiques.

Un ami plein de lumières et de probité, qu’il consulta sur le choix d’un précepteur, lui pro-