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Thwackum à y procéder sur l’heure ; mais l’importance de l’autre affaire, détourna l’attention de celle-ci. M. Allworthy déclara aux deux instituteurs que l’enfant méritoit plutôt une récompense qu’un châtiment, et la main de Thwackum fut enchaînée par un pardon général.

Ce pédant qui n’avoit que les verges en tête, se récria contre une indulgence qu’il traita de faiblesse criminelle ; il dit : qu’en pareil cas, le pardon ne servoit qu’à encourager le vice ; il insista sur la nécessité de châtier les enfants, et cita à ce sujet de nombreux passages de Salomon et des Pères que nous ne rapporterons point ici, parce qu’ils se trouvent dans beaucoup d’autres livres. Passant ensuite au vice du mensonge, il en démontra l’énormité, et prouva qu’il n’étoit pas moins fort sur ce nouveau texte que sur le précédent.

Square dit : qu’il avoit en vain cherché à concilier l’action de Tom avec l’idée de la vertu parfaite ; il observa que cette action avoit, au premier coup d’œil, l’apparence du courage ; mais que le courage étant une vertu, et le mensonge un vice, on tenteroit inutilement de les accorder ensemble. Il ajouta : que ce seroit confondre le vice avec la vertu, et qu’il laissoit, en conséquence, à M. Thwackum le soin de juger s’il ne convenoit pas d’infliger à Jones une nouvelle correction.