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fermer l’honneur dans le cercle de leurs systèmes insensés, et de leurs damnables égarements. « Non, non, s’écria-t-il, l’honneur est un, malgré l’absurde diversité des idées qu’on y attache. La religion aussi est une, en dépit de la multitude des hérésies et des sectes qui partagent le monde. Par la religion, j’entends la religion chrétienne, par la religion chrétienne la religion protestante, et par la religion protestante, la religion anglicane. Par l’honneur, j’entends ce don divin de la grace dont notre sainte religion est la source, et la source unique : or, prétendre que l’honneur, tel que je l’entends ici, tel qu’on a dû croire que je l’entendois, puisse enseigner le mensonge, c’est avancer un paradoxe qui révolte la raison. »

« Je n’avais pas voulu, par politesse, répliqua Square, tirer de mes raisonnements la même conséquence. Si vous vous êtes aperçu de ma réserve, vous ne l’avez point imitée. Quoi qu’il en soit, laissant de côté la religion, je vois, d’après notre manière de concevoir l’honneur, que nous en avons une idée différente, sans quoi nous nous servirions des mêmes termes pour le définir. J’ai dit que le véritable honneur et la véritable vertu étoient presque synonymes, et fondés tous deux sur la règle immuable de la justice, et sur l’éternelle convenance des choses. Or, le mensonge répugnant à l’un et à l’autre, il