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vocat s’appuie sur Littleton et sur Coke, dont le commentaire est, dans les tribunaux, d’un poids égal à celui du texte.

Après ce court préambule, on voudra bien se reporter à la fin du dernier chapitre, où le théologien adresse à M. Allworthy cet argument qu’il croyoit sans réplique : « L’honneur peut-il exister indépendamment de la religion ? »

Square prit la parole et dit : qu’il étoit impossible de raisonner philosophiquement sur des mots, avant d’en avoir bien déterminé la signification ; qu’à peine y en avoit-il deux d’un sens plus vague et plus incertain, que ceux dont M. Thwackum s’étoit servi, puisque l’on comptoit presque autant d’opinions différentes sur l’honneur, que sur la religion. « Si par honneur, ajouta-t-il, vous entendez la beauté naturelle de la vertu, je soutiens qu’il peut exister indépendamment de toute religion, oui, vous en conviendrez vous-même, indépendamment de toute religion, une seule exceptée ; et cet aveu, je l’obtiendrai pareillement du juif, du mahométan, de tous les sectaires du monde. »

Thwackum repartit : qu’on reconnoissoit à cette manière d’argumenter, la malice ordinaire aux ennemis de la véritable Église ; qu’il ne doutoit pas que tous les hérétiques, tous les infidèles ne voulussent, s’ils le pouvoient, ren-