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ériger gravement en maxime qu’il falloit laisser agir la nature, et que le médecin devoit se borner à l’observer, sans doute pour l’applaudir lorsqu’elle a bien rempli son rôle.

Nos docteurs aimoient si peu la mort, qu’ils abandonnèrent le défunt après une courte visite. Ils ne se montrèrent pas si pressés de quitter leur malade vivante : tous deux furent bientôt d’accord sur son état, et se mirent à rédiger de concert une longue ordonnance.

Nous ignorons si mistress Blifil qui avoit d’abord trompé les médecins, finit par être leur dupe à son tour, et par se croire malade sur leur parole. Quoi qu’il en soit, elle se donna pour telle un mois entier. Pendant ce temps, elle reçut régulièrement les visites des docteurs, les soins d’une garde, et de fréquents messages de ses amies qui envoyoient savoir de ses nouvelles.

Enfin, quand la décence lui permit de mettre un terme à son désespoir et à sa maladie, elle congédia les médecins et commença à recevoir du monde. On ne remarquoit en elle d’autre changement que celui de ses habits, à la sombre couleur desquels notre veuve avoit assorti sa physionomie et son maintien.

M. Blifil fut enterré, et il auroit couru grand risque de tomber bientôt dans l’oubli, si M. Allworthy n’avoit pris soin d’en préserver sa mé-