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les uns aidèrent la dame étrangère à secourir mistress Blifil ; les autres, secondés de M. Allworthy, transportèrent le capitaine dans un lit bien chaud, et l’on mit en œuvre tous les moyens connus pour le rappeler à la vie.

Nous serions heureux de pouvoir apprendre au lecteur, que ces soins divers furent couronnés d’un égal succès. Ceux que l’on prodigua à mistress Blifil réussirent si bien, qu’après un évanouissement d’une durée convenable, elle reprit ses sens, à la satisfaction générale. Il n’en alla pas de même du capitaine : aspersion d’eau froide, saignée, frictions, rien n’eut d’efficacité. La mort, ce juge inexorable, l’avoit condamné, et refusa de lui accorder un sursis, malgré l’intervention de deux médecins qu’on avoit appelés, et qui ne parurent que pour recevoir leurs honoraires.

Ces docteurs que, pour éviter toute allusion maligne, nous distinguerons par les lettres initiales Y et Z, après avoir tâté le pouls du capitaine, le premier au bras droit, et le second au bras gauche, convinrent qu’il étoit tout-à-fait mort ; mais ils différèrent de sentiment sur la cause qui avoit terminé sa vie. Le docteur Y soutint qu’il étoit mort d’apoplexie, et le docteur Z d’épilepsie.

De là naquit une vive dispute entre les deux savants. Ils exposèrent leur avis avec chaleur, et