et l’insolence qui caractérisent une ame basse, et qu’une ame élevée peut seule pardonner.
Quand la première fièvre d’amour fut passée, dans les longs et paisibles intervalles qui s’écoulèrent entre les accès, mistress Blifil ouvrit les yeux. Elle remarqua l’étrange changement survenu dans la conduite du capitaine, qui ne répondoit plus à ses arguments que par des marques de dédain. Elle se sentit peu disposée à souffrir patiemment un pareil outrage. Le ressentiment qu’il lui causa auroit pu produire quelque événement tragique, si, par une heureuse diversion, il ne se fût changé en un mépris qui modéra sa haine, mais lui en laissa encore une dose fort honnête.
Celle que lui portoit le capitaine étoit d’une nature plus franche. Il ne lui savoit pas plus mauvais gré de la médiocrité de son esprit et de ses connoissances, que de la petitesse de sa taille. L’injurieuse bizarrerie de son opinion sur le sexe féminin surpassoit l’aigreur du morose Aristote. À ses yeux, une femme étoit un simple animal domestique, un peu supérieur à un chat, parce que ses fonctions ont plus d’importance ; mais il trouvoit la différence entre les deux si légère, qu’en épousant le château et les terres de M. Allworthy, il auroit pris indistinctement l’un ou l’autre par-dessus le marché. Néanmoins, son