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ans, dont l’intimité avec Jenny auroit pu exciter des soupçons raisonnables ; mais tel est l’aveuglement de la jalousie, que cette circonstance ne s’offrit pas une seule fois à l’esprit de mistress Partridge.

Malgré les exhortations pressantes de M. Allworthy, nous ne voudrions pas jurer que le repentir eût pénétré dans le cœur de Partridge. Quant à sa femme, elle en conçut un très vif de sa déposition contre lui, surtout lorsqu’elle vit que Déborah refusoit, au mépris de sa promesse, de s’intéresser pour elle auprès de M. Allworthy. Elle recourut avec plus de succès à mistress Blifil. Cette dame, comme on a dû s’en apercevoir, étoit d’un bien meilleur naturel. Elle sollicita son frère de rendre au maître d’école sa petite pension. La pitié n’étoit pourtant pas le seul motif qui la faisoit agir. Elle en avoit un autre plus puissant, que nous exposerons tout à l’heure.

Mais toutes ses instances furent inutiles. Si M. Allworthy ne partageoit pas l’opinion de quelques écrivains modernes, que la pitié bien entendue consiste à se montrer inflexible pour les coupables, il étoit loin aussi de penser que cette vertu pût se concilier avec une molle et aveugle indulgence. Toujours disposé à prendre en considération le plus léger doute, la moindre circonstance atténuante, jamais il ne se laissoit fléchir