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par la faute de sa femme, et celle-ci lui reprochoit chaque jour d’être la cause de sa ruine. Quelle que fût la rigueur de son sort, il fallut qu’il s’y résignât.

Quoique nous l’ayons appelé le pauvre Partridge, nous prions le lecteur d’attribuer cette épithète à notre naturel compatissant, et de n’en rien préjuger en faveur de son innocence. On saura peut-être un jour la vérité ; mais si la muse de l’histoire daigne nous confier son secret, nous nous garderons de le révéler avant qu’elle nous en ait donné la permission.

Suspends donc, ami lecteur, ta curiosité. Que le fait en question fût vrai ou faux, il est certain que M. Allworthy avoit des preuves plus que suffisantes pour condamner Partridge. Une cour d’assises en eût même exigé moins, dans une cause semblable. Cependant en dépit de l’assertion si formelle de mistress Partridge, assertion qu’elle n’eût pas craint de confirmer par serment, le maître d’école pourroit encore être innocent. Si l’on compare l’époque des couches de Jenny avec celle de son départ du petit Badington, il paroît évident qu’elle y étoit devenue grosse, mais il ne s’ensuit pas nécessairement que Partridge fût le père de son enfant. Sans s’arrêter à d’autres particularités, il y avoit dans la maison qu’habitoit le pédagogue un jeune homme de dix-huit