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voient seuls lui en obtenir le pardon. Il l’exhorta donc à ne point persister dans ses dénégations, et à confesser un fait si évidemment prouvé par le témoignage de sa propre femme.

Arrêtons-nous ici un moment, pour rendre hommage à la sagesse de notre jurisprudence, qui refuse d’admettre le témoignage d’une femme pour, ou contre son mari. Sans cette prudente disposition, dit un savant auteur qu’on n’a jamais cité jusqu’à présent, à notre connoissance, ailleurs que dans des livres de droit, que de dissensions dans les ménages ! que de parjures ! que d’époux condamnés à l’amende, au fouet, à la prison, au bannissement, à la potence !

Partridge gardoit le silence. Interpellé de répondre, il déclara qu’il avoit dit la vérité, et prit à témoin de son innocence le ciel et Jenny Jones elle-même, à laquelle il demanda d’être confronté sur-le-champ, ignorant ou feignant d’ignorer qu’elle avoit quitté le canton.

M. Allworthy que l’amour de la justice et un rare sang-froid disposoient toujours à écouter avec patience autant de témoins qu’un accusé vouloit en faire entendre, consentit à différer son jugement jusqu’à l’arrivée de Jenny, qu’il envoya aussitôt chercher par un exprès. Il exhorta, en attendant, Partridge et sa femme à vivre en paix, adressant principalement cette recomman-