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On a toujours aimé à savoir ce qui se passe hors de chez soi, et à s’en entretenir : aussi dans tous les siècles et chez tous les peuples, les gens oisifs se sont-ils réunis en certains endroits, pour satisfaire une mutuelle curiosité. Parmi ces lieux de rassemblement, il n’en est point de plus renommés que les boutiques de barbiers. En Grèce, les nouvelles de barbiers étoient une expression proverbiale ; et Horace, dans une de ses épîtres, fait, sous le même rapport, une mention honorable des barbiers romains.

Ceux d’Angleterre ont la réputation de ne le céder en rien à leurs prédécesseurs d’Athènes et de Rome. Les nouvelles étrangères se discutent dans leurs boutiques, presque aussi pertinemment que dans les cafés, et l’on y commente les événements domestiques, avec plus d’étendue et de liberté ; mais ces deux espèces de clubs ne sont à l’usage que des hommes ; or les Angloises, surtout celles de la classe inférieure, étant plus habituées à se réunir entre elles que les femmes d’aucune contrée de l’Europe, et pour le moins aussi curieuses que l’autre moitié du genre humain, il y auroit un grand vice dans notre ordre social, si elles n’avoient pas également le moyen de satisfaire leur penchant naturel pour le caquetage.

Grace à l’agrément que leur procure un point