pre à exciter la jalousie des savants professeurs d’Éton et de Westminster. Ses écoliers se partageoient en deux classes. Dans la première figuroit seul le fils aîné d’un écuyer du voisinage, qui, à l’âge de dix-sept ans, commençoit le rudiment. La seconde se composoit du fils cadet de ce même écuyer, et de sept enfants de la paroisse auxquels il apprenoit à lire et à écrire.
Le bénéfice qu’il retiroit de cette école, ne lui auroit pas fourni les moyens de faire grande chère, s’il n’avoit point eu d’autres ressources. Il remplissoit dans le village l’office d’écrivain et celui de barbier, et recevoit en outre de M. Allworthy, tous les ans à Noël, une pension de dix livres sterling qui le mettoit en état de passer gaîment ce jour de fête.
Le pédagogue possédoit encore un trésor : c’étoit une femme qu’il avoit épousée pour sa fortune, consistant en vingt livres sterling, amassées dans la cuisine de M. Allworthy. Son extérieur n’offroit rien d’attrayant. Nous ignorons si elle avoit servi de modèle à notre ami Hogarth ; mais elle ressembloit trait pour trait à la jeune femme qui verse du thé à sa maîtresse dans le troisième tableau des Progrès du libertinage[1]. Elle étoit de
- ↑ Les Progrès du libertinage sont une suite de six tableaux pleins de verve et d’originalité, dans lesquels le célèbre Hogart a représenté la vie d’une courtisane, depuis son entrée dans la carrière du vice jusqu’à