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faite au peuple juif, à cause de son idolâtrie, et de l’ingratitude dont il s’étoit rendu coupable envers son père céleste ; que le second étoit moins une sentence formelle prononcée contre le péché, qu’une parabole destinée à en montrer les suites inévitables. Il ajoutoit que ce seroit une absurdité, et presque un blasphème, de représenter Dieu vengeant sur l’innocent les fautes du coupable, et détruisant ainsi les premiers principes du droit naturel, et les notions fondamentales du juste et de l’injuste, que lui-même a gravées dans nos ames, et qui doivent nous servir de règle pour juger, non-seulement de ce qui ne nous a point été révélé, mais de la vérité même de la révélation. Il n’ignoroit pas, disoit-il, que bien des gens partageoient, sur ce sujet, le sentiment du capitaine. Quant à lui, il étoit d’une opinion contraire, et décidé à prendre autant de soin du pauvre orphelin, que d’un enfant légitime qui auroit eu le bonheur d’être trouvé en sa place.

Tandis que M. Blifil, à qui l’affection de l’écuyer pour le petit Tom commençoit à inspirer de la jalousie, travailloit de tout son pouvoir à l’expulser de la maison de son bienfaiteur, mistress Déborah fit une découverte qui faillit devenir plus fatale à l’enfant trouvé, que tous les arguments du capitaine.