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Roger ; vous avez deviné tous nos embarras. Jean de Blave la connaît notre Sylviane ?

— Mais oui, il l’a aperçue une ou deux fois.

— Cela suffit évidemment pour se lier pour la vie ! vous comprenez, il faut justifier une semblable requête.

— Vous êtes une ironiste, chère Madame.

— En surface, au fond je suis émue de votre pensée.

— Il faut qu’elle réussisse surtout. Souhaitons que l’amour-propre, le respect humain n’aient pas une partie trop forte dans cette affaire. N’oubliez pas surtout de spécifier que mon cousin est fort riche, beau, futur membre de l’institut.

— Nous dirons tout.

— Il faut que mademoiselle Foubry ait une belle revanche.

— Et si elle s’y laissait prendre ? si elle consentait à l’épouser ?

— J’en doute, chère Madame, elle ne m’a pas l’air d’avoir un cœur qui se disperse.

— Quel psychologue ! Mais si Luc Saint-Wiff se désespérait, et abandonne la place ?

— Oh ! Madame, quand on aime profondément une jeune fille pour ses belles qualités d’âme, on a confiance.

— Hum ! hum ! c’est un cheval emballé que mon neveu. Il va peut-être jouer au chevaleresque ; enfin il y aura moyen de le rattraper. Votre intervention deviendra peut-être une magicienne.

— Il faut essayer de faire des heureux, chère Madame, à quoi serviraient des gens comme vous, comme moi ? Il ne s’agit pas seulement de contempler les autres, mais de les entr’aider.

— Cher Roger ! quelle générosité vous avez !

— Mais non, vous savez que je suis fort détaché de tout, c’est le hasard qui me permet d’essayer d’être bon. En automne, je me soustrairai au monde.

— C’est donc vrai, ce qu’on dit ?

— Parfaitement vrai, je serai Trappiste sous peu.