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plus, il voulait se consacrer à Dieu, en entrant dans les ordres.

Cependant, il pressentait qu’il fallait tenter un coup un peu rude pour mettre tout au point parmi ces personnages muets, dont les yeux recélaient tant de choses inavouées.

Sylviane était triste, Luc Saint-Wiff prenait des airs furieux, et leurs amis proches subissaient leur manière d’être.

Or, Roger possédait un cousin qu’il aimait profondément. C’était un garçon sérieux, accaparé par les sciences. Il désirait se marier, mais n’ayant ni le goût, ni le temps de fréquenter dans le monde, il avait dit, un jour, mi-sérieux, mi-badin à Roger :

— Je te donne plein pouvoir pour me trouver une femme, tu sais ce que je veux, et ce que je suis ; tu sais aussi que je suis riche, mais peu mondain, arrange-toi donc pour que ma femme future me fasse honneur, sans me traîner dans les salons tous les soirs.

Roger de Blave songeait à ce cousin : Jean de Blave. Il allait donc demander la main de Sylviane pour lui, et sûrement cela donnerait un résultat qui rendrait la situation plus nette.

Sylviane ne se doutait guère du projet qui s’élaborait dans le cerveau de Roger.

Elle pensait sans cesse à Luc, si distant maintenant depuis qu’elle rendait visite à ce blessé, chez qui elle espérait le rencontrer. Elle avait même compté sur la perspicacité de l’immobilité pour pénétrer leur cas et l’arranger, en quoi elle ne se trompait pas.

Madame Bullot et Annette voyaient avec chagrin le désespoir de Luc. La bonne Annette qui avait une préférence pour lui ne savait comment détourner l’orage qui le menaçait, s’imaginant que son silence lassait Sylviane.

Elle parlait souvent de ces choses avec Madame Bullot. Cette dernière trouvait ces complications fort embarrassantes et elle ne se sentait pas la puissance de les aplanir.

Une désillusion lui venait : elle croyait la vieil-