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Seul Luc semblait réfractaire à ce courant de sympathie qui affluait vers le veuf.

Sylviane le trouvait froid et parfois soucieux.

Luc souffrait. Il voyait clairement que Roger de Blave admirait Sylviane et, de ce sentiment à l’amour, il pensait qu’il n’y avait pas grand chemin.

Roger, n’avait rien contre lui. On ne pouvait le taxer de méfiant.

Le pauvre Luc se voyait abandonné et le bel espoir que lui avait insufflé Annette s’éteignait un peu à chaque heure de réflexion.

Roger était beau, il était bon, riche, élégant et il devenait doublement intéressant, par son malheur passé et par son accident présent.

Luc s’écartait ulcéré, persuadé qu’il ne pouvait lutter contre tant de choses.

Sylviane ne variait cependant pas avec lui, mais elle ne pouvait constamment se dérober aux invitations amicales de Roger, qu’elle connaissait de longue date et dont la séquestration excitait un peu de pitié ou tout au moins une espèce de charité courtoise.

Madame Foubry d’ailleurs, ne tarissait pas d’éloges sur Roger. Naturellement, son cœur de mère avait jugé que la situation s’arrangeait pour sa fille et que ce dernier arrivé allait remporter la bonne victoire.

Elle ne négligeait aucune occasion d’en entretenir Sylviane et de dire :

— Ma petite enfant, tu as refusé Luc, et Roger ne te déplaît pas, pourquoi hésiterais-tu s’il demandait ta main ?

— Je crois que Luc m’aime profondément.

— Tu aurais dû l’accepter d’emblée, maintenant la situation est inextricable. Ne pense plus à lui, ma chérie, oublie ces circonstances.

Sylviane ne pouvait répondre, Luc possédait son cœur et elle ne pouvait changer ainsi de sentiment.

Elle souffrait de l’éloignement qu’affectait le jeune homme et ne pouvait comprendre à quel mobile il obéissait, jugeant que les quelques