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Elle avait escompté l’arrivée de Madame Bullot comme une grande joie, mais sa compagnie ne lui apportait aucune douceur. Souvent même, elle lui saisissait des regards ironiques dont elle cherchait l’énigme. Puis, la vieille dame était rarement seule aux heures où elle recevait. Annette, sa grand’mère, Luc et d’autres l’entouraient, et Sylviane ne tenait pas à se trouver constamment en contact avec ceux qui la déconcertaient.

Sa vieille amie lui glissait souvent l’amical reproche de ne plus la voir assez, mais Sylviane répondait qu’elles se retrouveraient à Paris dans l’intimité des après-midis d’hiver.

Sylviane s’attristait en donnant cette réponse, car elle pensait que l’hiver changerait le cours ordinaire de son existence. Elle était plus résolue que jamais à travailler, à s’arracher de cette geôle mondaine où ne l’attendaient plus que des déceptions.

Madame Foubry sentant la décision de sa fille s’affirmer de plus en plus, redoublait d’amabilité entre les trois jeunes gens assidus près d’eux.

Louis Dormont, ainsi que Francis Balor étaient toujours les premiers arrivés au but des réunions et ils rivalisaient de grâces auprès de la fille, de la mère et du père.

Madame Foubry se demandait pourquoi ces deux soupirants qu’elle avait d’abord trouvés si bien, ne se déclaraient pas. Elle commençait à les traiter d’insipides, malgré toute son indulgence mondaine.

— Comprends-tu pourquoi, confiait-elle à son mari, ces jeunes gens ne s’avancent pas pour solliciter la main de Sylviane ?

— Ce sont des sots, répliquait le colonel vertement, ils ne sont pas dignes d’elle.

— C’est entendu… mais une jeune fille sans fortune doit se contenter de ce qu’elle trouve…

— C’est odieux… Sylviane est trop belle… trop fine… ces pauvres sires perçoivent bien qu’ils ne seront rien près d’une femme semblable…

— Je suis de ton avis… mon ami… mais il vaut mieux que Sylviane fasse un mariage médiocre