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— C’est un signe excellent.

Luc allait et venait dans la chambre de sa tante, comme un lion en cage. Il resta silencieux pendant quelques instants, puis soudain, il s’écria :

— Je voudrais que vous puissiez contempler la tête de ces jeunes prétentieux ! Ils regardent votre Sylviane avec des yeux comme des cerceaux, et une bouche ouverte à y jeter des palets ! et Dieu me pardonne ! il me semble qu’elle y prend plaisir.

— Allons tu déraisonnes, Luc !

Le sang-froid revint à l’amoureux exaspéré. Il reprit instantanément sa physionomie de grand seigneur et allait recommencer la conversation sur un autre sujet quand Annette entra.

Elle eut un léger recul en apercevant Luc Saint-Wiff en compagnie de Madame Bullot, mais cette dernière lui dit :

— Vous ne nous dérangez pas, ma mignonne, vous connaissez mon neveu.

Annette paraissait plus timide qu’elle ne l’était réellement et elle s’avança en disant :

— Nous allons faire une grande promenade avec nos amies de Vichy, malheureusement Mademoiselle Foubry ne peut venir avec nous.

— Que fait-elle donc ?

— Je l’ignore.

— Vous avez des compagnons ? demanda Luc.

— Oui, répondit Annette en riant, trois collégiens, les frères de mes amies.

— Bon, si mon âge ne vous effraie pas trop, j’irai avec vous.

Annette ouvrit de grands yeux, puis elle s’écria toute joyeuse :

— Que vous êtes aimable !

Madame Bullot observait son neveu, un peu effarée, se demandant quel mobile le poussait. Elle conclut qu’il voulait se distraire et ne dit rien.

Luc prenait soudain un parti qui n’était pas sans une pointe de méchanceté ! Il désirait, dans son dépit, causer un peu de peine à Sylviane.