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don de Mademoiselle Sylviane en reconnaissance de la gentillesse que j’ai eue pour sa mère.

Les roses étant identiques, on pouvait croire qu’elles venaient de la même main ; elles sortaient en droite ligne de chez la fleuriste qui avait reçu son arrivage.

Ni Louis, ni Francis ne furent dupes de leur fatuité réciproque. Ils connaissaient trop Sylviane pour savoir qu’elle ne donnait pas des roses à la légère à ses admirateurs, mais ce qui les surprit extrêmement, ce fut de l’apercevoir soudain avec une rose semblable à la ceinture.

Ils se regardèrent méfiants, et chacun se demanda si l’autre avait dit la vérité.

Sylviane s’avança gracieuse, et leur tendit la main, en parlant du beau temps.

Ses parents venaient derrière elle, et quelques minutes après le petit groupe bavardait amicalement.

Sylviane ne s’était pas demandé une minute d’où provenaient les roses de ses soupirants. Elle devinait sans peine que la fleuriste les leur avait mises directement à la boutonnière, tandis que la sienne possédait une origine plus détournée qui la rendait heureuse.

Luc Saint-Wiff avait envoyé, le matin même, une botte de roses à sa tante. Parmi elles, se trouvaient quelques jolis boutons semblables à ceux que portaient Dormont et Balor.

Madame Bullot avait appelé la jeune fille en lui disant :

— Luc vient de m’apporter cela, et certainement il ne m’en voudra pas de vous fleurir de quelques-unes.

Sylviane avait accepté, toute joyeuse, et en avait garni sa chambre, s’en réservant une pour l’attacher à sa ceinture.

Cette circonstance pouvait donner une apparence de vérité aux mensonges des deux jeunes gens, alors qu’elle faisait simplement penser à Sylviane : la fleuriste a des roses fraîches, tout le monde sera pourvu aujourd’hui à Vichy.