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— Comme l’après-midi a passé lentement sans vous apercevoir !… renchérit Louis.

Une conversation badine s’éleva, où les deux jeunes gens rivalisèrent d’entrain parce qu’ils espéraient qu’on les voyait fiers d’escorter, ne fût que pendant quelques pas, la beauté qu’était mademoiselle Foubry. À ce moment surgit Luc Saint-Wiff.

Hautain, il passa, saluant gravement.

Il sembla à Sylviane qu’un dédain s’échappait de toute sa personne, durant le moment fugitif où il soulevait son chapeau.

Une amertume la brisa et elle rentra vivement à l’hôtel heureuse de se soustraire aux indifférents. Elle était triste et révoltée tout ensemble.

Elle alla dans la chambre de sa mère et y vit Madame Bullot. Elle se raidit devant sa peine, essayant de donner à son visage une expression souriante.

Madame Foubry dit vivement :

— Je questionnais notre grande amie sur son charmant neveu… c’est une merveille… me raconte-t-elle…

L’intérêt de Madame Foubry était à son comble. Elle n’osait pas insinuer à leur vieille amie : Tendez votre effort pour marier ces deux enfants-là !… mais son attitude le laissait suffisamment deviner.

Sylviane lança un regard de détresse à Madame Bullot et celle-ci y répondit par un sourire de connivence.

La pauvre jeune fille eût voulu arrêter net la montée de sa mère vers l’espoir et elle maudissait les circonstances qui se liguaient contre elle.

— Vous avez fait une bonne promenade… avec Annette ?… demanda Madame Bullot.

— Excellente… Madame… et votre jeune amie est fort attachante… elle est primesautière et gaie.

— Elle a surtout un cœur parfait… ajouta Madame Bullot d’un air convaincu qui alarma de nouveau Sylviane.

Annette deviendrait-elle la femme de Luc ?