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aussi à un sentiment de délicatesse, ne voulant pas se prévaloir de cette avance près de son aînée.

Près d’elle, Sylviane marchait absorbée, tout en tentant des efforts pour paraître à l’aise.

La vie lui apparaissait hostile. Penser lui semblait torturant et elle se demanda un moment si elle ne se consacrerait pas à Dieu…

Traîner l’existence vide, inutile lui causait autant d’horreur qu’un blasphème… Travailler était aussi une solution, mais quoi entreprendre ?

Elle essaya de repousser sa mélancolie, remettant sa décision à quelques mois.

Il ne lui vînt pas qu’elle pourrait épouser Balor ou Dormont… Elle se serait trouvée vile d’accepter un compagnon dont les idées ne lui eussent pas agréées entièrement. Le mariage n’est grand qu’à la condition d’une estime mutuelle.

Annette ne se doutait guère des préoccupations que recélait le front de Sylviane, alors que joyeuse, elle arpentait un joli chemin avec elle.

Parlant de sa vie, elle racontait comment ses jours passaient, et tout en ne révélant pas son secret, elle édifiait l’avenir, décrivant l’intérieur qu’elle aimerait avoir, et les meubles qui l’orneraient.

Sylviane l’écoutait sans l’entendre. À ses oreilles bruissaient des paroles auxquelles, elle ne pouvait donner aucun sens précis.

La promenade soudain, lui fut à charge et elle essaya de l’écourter :

— Je suis lasse… jeune Annette… si nous rentrions… le soleil est fatigant…

Elle avait un doux sourire et regardait la jeune fille qui acquiesça.

Elles reprirent le chemin du retour et près de l’hôtel où habitait Sylviane, elles virent Louis Dormont et Francis Balor :

— Les deux inséparables… murmura Annette.

Ils s’approchèrent, chapeaux bas, bustes inclinés :

— Vous nous frustrez de votre présence… Mesdemoiselles dit Francis gracieusement.