sera avec les mêmes conventions que pour la partition.
— Justement… répliqua Sylviane en hésitant un peu… je voulais changer nos conditions… J’espère que vous n’en serez pas froissé… car vous me rendrez service en acceptant bien simplement ce que je vais vous proposer…
Ce préambule rendit le couple attentif :
— Je vous ai fait pressentir déjà que mon fiancé n’aimait pas me voir m’occuper de musique… Est-ce parce qu’il craint que je m’abandonne trop à cet art… et que je lui vole des moments qu’il estime lui appartenir ?… je ne le sais… mais je crois que je serais sage d’oublier ce travail absorbant… La Providence vous a placés sur mon chemin et j’en conclus que c’est pour vous prier de vous substituer à moi… Je vous donne donc tout ce que j’ai composé… droits d’auteur y compris… sauf ce qui concerne cette « polonaise » connue du public.
La stupeur autant que la joie se lisaient sur le visage des époux émus.
— Je ne puis accepter… s’écria l’artiste… c’est un don inimaginable… c’est une fortune… mademoiselle !
— Acceptez pour vos enfants… appuya fortement Sylviane.
— Avez-vous bien réfléchi à votre acte ?… reprit Vidal… ces droits d’auteur peuvent se multiplier… Quand un artiste réussit… la richesse n’est pas loin… et je crois que cette partition est appelée à tenir l’affiche…
— Je le désire… dit la jeune fille.
— C’est trop… murmura Vidal, comme s’il s’évanouissait… qu’en dis-tu… Marie ?
— Je pleure… articula la jeune femme en sanglotant… je trouve que Mademoiselle Foubry ressemble à une bonne fée… elle est venue et tout s’est transformé.
— Je ne veux pas vous dépouiller… répéta Vidal.
— Mon fiancée est très riche… avoua Sylviane… et vraiment je ne puis tout accaparer… acheva-t-elle gaîment.