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— Comptez sur moi, affirma la jeune fille gravement.

Le malade la regardait avec intensité comme s’il voulait se pénétrer de la véracité de ce qu’elle disait.

Il lut dans ses yeux qu’elle était sincère, et poussant un soupir, il murmura :

— Il me semble que je vais déjà mieux. Marie, donne-moi ce médicament que j’ai refusé ce matin, je vais me soigner énergiquement.

Quand sa femme fut hors de la pièce, il avoua :

— Je n’osais plus prendre ce remède, il coûte si cher, et penser que mes enfants manquaient de pain !

— Tout cela est passé, dit Sylviane. Ne craignez pas d’avoir recours à moi. Ce ne sera qu’une avance, ajouta-t-elle en voyant la rougeur qui envahissait le front de l’artiste devant cette offre généreuse.

La jeune fille prit congé en promettant de revenir au début de l’après-midi.

— Ah ! je vous attends comme le Dieu sauveur ! répéta Vidal radieux.

Sylviane rentra chez ses parents, toute bouleversée encore par ses impressions. Elle les mit rapidement au courant de sa visite pendant l’heure du déjeuner, et tout de suite après-midi, elle réunit ce qu’elle avait composé.

Elle ne négligea nulle phrase musicale et pensait en rassemblant ses feuillets : Que je suis heureuse d’avoir tant travaillé, et quel bien a fait Luc en ne revenant pas plus tôt ; j’ai profité de mon désarroi pour amasser tout ce labeur qui va peut-être aider à sauver une famille.

Sylviane fut bientôt prête.

Vidal l’attendait avec angoisse. Malgré la confiance qu’il avait placée en la jeune fille, un peu d’appréhension se mêlait à son espoir. Ce n’est pas impunément que l’on a été à l’école du malheur.

L’arrivée de Sylviane fut saluée par des exclamations enchantées.

La jeune fille remarqua tout de suite les visages