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maladie. Elle a beaucoup travaillé, elle a le droit de réussir.

— Ma tante, vous êtes une brillante avocate, mais ne pensez-vous pas qu’un peu d’ambition et d’orgueil se mêlent au travail de Sylviane ? Il me semble qu’elle est contente de se voir acclamée, fêtée, et je vous l’avoue, cela m’est insupportable.

— Oh ! le beau sentiment que tu dévoiles là !

— Je n’en cache pas la laideur.

— Il faudrait essayer de le combattre, parce que ce n’est pas un joli cadeau que tu vas faire là à ta femme.

— Ma tante, je me sens malheureux.

— Charmante disposition pour entreprendre une cour de fiançailles.

— Ne vous moquez pas de moi, chère tante, je suis un sentimental, et j’aime Sylviane à la folie, c’est pourquoi je la voudrais dégagée de toute obligation autre…

— Que celle de t’aimer, acheva Madame Bullot.

— Vous avez parfaitement deviné.

Malgré les idées pessimistes qui rongeaient Luc, il était, comme il le disait, sérieusement épris de Sylviane et n’aurait pu se détacher d’elle.

Il allait la voir chaque soir, et quand il sortait de la maison, s’il éprouvait un peu plus d’aversion pour la musique, il sentait son amour augmenter pour la belle compositrice.

Il pressa la date du mariage, pensant qu’il pourrait soustraire Sylviane à cette ambiance artistique. Il ne se passait pas de jour qu’elle ne lui narrât quelque visite ou quelque épisode ayant trait à la carrière que les événements lui avaient fournie.

Cependant, elle remarquait, malgré la bonne contenance de Luc, qu’un nuage l’obscurcissait vite quand elle parlait musique.

Elle pensait, de bonne foi, se hausser dans son esprit, en lui faisant part de ses mois de travail. Elle lui avoua même un jour qu’elle était ravie de lui apporter cette gloire.

Elle constata que Luc ne répondait pas et