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intrus s’en aller, pour agiter avec Sylviane la date du mariage.

C’était autrement sérieux que ce fatras prétentieux qu’il était obligé d’écouter et où il démêlait à peine quelques mots comme majeur, mineur, dièze, bémol, et mesure. Il se retenait pour ne pas se boucher les oreilles.

Ah ! quelle salade il ferait de tous ces vocables. Quels sarcasmes, il leur décocherait quand il serait le mari, c’est-à-dire celui qui commande.

Sylviane ne se doutait pas des ferments qui se levaient dans l’âme de son fiancé. Elle discourait savamment, reprise par le feu sacré de l’inspiration.

Enfin les importuns laissèrent la place, et quand Sylviane qui avait accompagné son professeur, revint près des siens, Madame Bullot qui avait deviné l’orage qui se formait dans le cerveau de Luc, lui dit :

— Ma petite mignonne, songez que vous allez être très occupée par vos toilettes. Soyez convaincue que mon neveu ne vous laissera pas grands loisirs, votre mariage sera très proche.

Sylviane rougit, puis répondit vivement :

— J’aurai le temps de tout, chère Madame, puis je ne suis pas très coquette, mes toilettes seront toujours assez jolies.

— Je tiens beaucoup à l’élégance, murmura Luc.

— Sylviane est toujours bien, répliqua Madame Bullot qui voyait où son neveu voulait en venir.

Sylviane sourit et dit en s’adressant à Luc :

— Vous me conseillerez.

Le visage du jeune homme se détendit et il prononça avec entrain :

— Je ne vous laisserai pas une minute pour votre musique, je vous préviens ; nous voyagerons, je suis sûr que vous ne connaissez aucun pays.

— C’est vrai, Sylviane n’a pas beaucoup voyagé, dit le colonel.

— Cependant, j’ai des engagements, prononça Sylviane, on compte sur moi.