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minute, quand il avait rencontré mademoiselle Foubry chez madame Bullot.

La voix d’une domestique résonna :

— Le professeur de mademoiselle est là, avec un autre monsieur. Ils voudraient voir mademoiselle.

L’extase était rompue. Luc jeta un regard désespéré à Sylviane qui se levait, empressée.

— Ils vous volent à moi, murmura-t-il.

— Je ne serai pas longue à vous retrouver, dit-elle en posant sur lui le joli reflet de ses yeux.

Elle disparut vivement.

Madame Foubry s’avança vers Luc :

— Une tasse de thé ?

— Bien volontiers, Madame.

— Eh ! bien, mon neveu, es-tu heureux ?

— Parfaitement, ma tante.

— C’est un bonheur longuement acheté, prononça Madame Foubry.

Sylviane rentra avec son professeur et l’ami qui l’accompagnait.

Après les salutations d’usage, et la présentation de Luc en qualité de fiancé, le professeur dit :

— Mon élève a suscité beaucoup d’enthousiasme, son succès la met en vedette, et mon confrère sollicite d’elle une œuvre.

Si le colonel et Madame Foubry s’épanouissaient d’aise à cette ouverture, le cœur de Luc se serrait d’effroi.

Sa chère Sylviane qu’il aurait voulu bien à lui, allait-elle continuer à se livrer aux rigueurs de l’harmonie ? Aurait-il à lutter avec le contrepoint sans aller jusqu’à la fugue ?

Luc se sentait maintenant le plus misérable des hommes après avoir affirmé un bonheur parfait. Il passait par une diversité de sentiments qui l’étonnait.

Il se jura de voyager afin de soustraire sa femme à tous ces importuns. Ah ! oui, il l’emmènerait aux confins du monde pour qu’elle oubliât cette heure triomphale.

Il n’eut plus qu’une hâte : celle de voir ces deux