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Enfin, les battants s’ouvrirent, et Sylviane se montra. Luc faillit bondir de sa chaise… Il agrandissait des yeux stupéfaits et ses lèvres ne pouvaient proférer nul son. Il se sentait étourdi, submergé par la surprise.

Sylviane s’avançait, élégante, merveilleuse de beauté, embellie encore par le triomphe, parfaite de grâce à laquelle se mêlait cependant un peu d’embarras qui lui seyait divinement.

Des bravos crépitèrent, des hourrahs la saluèrent et des fleurs lui furent jetées.

La salle était sympathique, composée de gens du monde dont une partie connaissait la famille Foubry.

On redemanda la « Polonaise » qui venait d’être jouée et les artistes durent accéder au vœu du public. Sylviane sur la scène, suivit l’exécution.

Luc la contemplait. La réalité dépassait tout ce qu’il avait imaginé.

La beauté de Sylviane s’auréolait de son talent. La jeune fille, sans doute, n’avait pas aperçu Luc. Cependant il constata son visage enchanté, et un peu d’amertume lui vint au cœur.

Il ne se doutait pas de ses dons de musicienne.

Il ne cessait de la regarder et elle lui apparaissait comme une déesse dans sa robe de soie souple, dont le ton crème, s’alliait à ses cheveux châtains. Ses yeux suivaient avec ferveur les mouvements des exécutants, mais pas un geste ne dérangeait sa pose harmonieuse. Elle écoutait, perdue dans les méandres où l’entraînait la mélodie.

« Où est-elle ? pensait Luc. Songeait-elle à lui qu’elle disait aimer ? Avait-elle encore le souvenir du désespoir qu’il avait eu de se voir refusé par elle ? »

Le pauvre Luc ne se sentait plus au premier plan et cela le rendait mélancolique.

La Polonaise prit fin. Les bravos éclatèrent de nouveau, plus nourris, plus ardents que la première fois.

Sylviane salua. L’ovation fut indescriptible. On acclamait maintenant autant la beauté que le