— Vous avez raison… ma tante… je lève l’ancre demain.
— C’est vite…
— Je suis arrivé d’hier…
— Ton nouveau but…
— L’Écosse…
— Depuis Bombay… c’est tentant… Qu’y vas-tu faire ?
— Acheter un chien.
— Et à Bombay… qu’as-tu trouvé ?
— Un derviche hurleur qui a failli m’empoisonner.
— Il y a des voyages périlleux…
— C’est ce qui contribue à leurs charmes…
Durant cette escarmouche, Sylviane était un peu délaissée. Elle écoutait amusée, le dialogue qui se poursuivait entre les deux personnages.
Luc Saint-Wiff ne s’occupait pas d’elle et elle pouvait le regarder. Il lui paraissait agréable quoiqu’un air désabusé errât sur son visage.
Il était grand et bien découplé, et Sylviane aimait la couleur gris foncé de ses yeux et sa moustache claire. Pas une minute cependant, elle pensa que ce neveu survenu à l’improviste, pouvait être un mari pour elle. Et, si Madame Bullot ne lui en avait jamais parlé, c’est qu’elle savait ce voyageur trop insaisissable. Elle se contentait d’apprécier son affection fidèle et lui savait gré de ne jamais la négliger quand il passait par Paris. C’est tout ce qu’une vieille dame pouvait désirer.
Sylviane se crut de trop et se leva pour prendre congé.
— Comment… vous êtes si pressée… ma mignonne ?
— Mais oui… Madame…
— Je vous ai à peine vue…
Mais Madame Bullot n’insista pas. Avait-elle la pensée de confesser son neveu et voulait-elle se trouver seule avec lui ?
Elle embrassa Sylviane et la laissa partir en la priant de revenir sous peu.
Quand elle fut sortie, le jeune homme dit :