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aventure !… Il faut pourtant que j’apprenne à cette petite que j’ai reçu de ses nouvelles… Cette mission m’ennuie bien… J’ai les bras et les jambes fauchées… Je ne vis plus au calme… c’est bien la peine de devenir vieille… La jeunesse est bien encombrante… quand ce n’est pas la sienne propre… c’est celle des autres… Je vais dire à Sylviane de venir… au fait… non… elle s’imaginerait que c’est meilleur que cela n’est… Il vaut mieux que je me transporte… »

En soupirant beaucoup, en marmonnant de même la pauvre Madame Bullot se prépara à sortir.

Elle n’eut pas cette peine. Attirée sans doute par la télépathie, Sylviane sonna et fut bientôt introduite par la femme de chambre.

— Ah ! ma mignonne… vous arrivez bien… tenez… une lettre de Luc.

— Ah !… répondit la jeune fille en portant la main à son cœur.

En tremblant, elle prit cette lettre et eut les larmes aux yeux en constatant quel chagrin conservait Luc. Une émotion grandissante s’emparait d’elle et quand elle eut fini cette lecture tendre et désespérée, elle glissa aux genoux de sa vieille amie, en murmurant :

— Comme il m’aime encore !…

— Oui… mais il ne donne pas son adresse !…

— C’est vrai !… s’exclama Sylviane en se relevant d’un bond. Dans son enchantement, elle n’avait pas pensé à ce détail plein d’importance.

— Comment allons-nous nous y prendre ?… s’écriait-elle angoissée.

— Je me le demande !… Je ne puis cependant pas envoyer un agent à ses trousses… Je sais qu’il y en a qui seraient ravis de se promener à mes frais… mais je trouve cela bien incorrect pour Luc…

— C’est horrible… balbutia Sylviane en passant la main sur son front…

— Ne nous désolons pas… Une circonstance fortuite peut nous être favorable… Nous en avons eu une pour vous décider à accepter Luc… ce serait