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avec Roger de Blave… qu’il ne pensait plus à ce qu’il faisait… moi non plus d’ailleurs… et il est parti… sans me donner son adresse !…

L’aveu était fait.

Sylviane qui écoutait avidement, affaissée sur un fauteuil, se redressa stupéfaite et s’exclama :

— Alors… vous ne lui avez pas écrit ?

— Eh ! non… comment m’y serais-je prise ?

— Vous ne savez pas où il est ?

— Pas du tout.

— Mais c’est affreux !

— C’est stupide…

Elles se regardèrent. Madame Bullot aurait ri, tellement ces circonstances lui paraissaient comiques, mais voyant Sylviane qui retenait ses sanglots, elle n’osa pas.

— Que faire ?… s’écria la jeune fille en portant les mains à ses tempes.

— Attendre… proféra Madame Bullot.

— Attendre répéta Sylviane… et s’il lui arrivait malheur… et s’il tombait malade… et s’il courait le monde pendant des années !…

Devant la véhémence de la jeune fille, la vieille dame se tut.

— Quel moyen pourrait-on employer ?… articula… Sylviane d’une voix sourde.

— Depuis trois jours… je cherche en vain…

— Où peut-il être ?… si on demandait dans tous les hôtels de Paris ?

— C’est une idée… mais il faut y être à Paris…

— Nous allons repartir… le traitement de père est terminé…

— C’est ce qu’il y a de mieux… j’ai commencé mes malles…

Sylviane se hâta d’aller communiquer ces nouvelles à ses parents…

Le colonel rit de découvrir un tel jeu du sort.

— Ce n’est pas banal… répétait-il… jamais une situation semblable ne s’est vue…

Madame Foubry songeait au désespoir de Luc et à l’angoisse de sa fille.

— Il doit être atrocement malheureux… murmurait-elle avec émotion.