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que mon cœur était triste… je lui ai annoncé mes fiançailles avec ta sœur.

— Ah ! à propos… je lui ai fait part de mon prochain mariage avec ta cousine…

— Ces deux pauvres chéries vont être charmées… Elles auront des maris qui ne succomberont à nulle séduction… C’est une sécurité pour une femme de posséder un compagnon avec autant d’énergie que la nôtre…

— Nous sommes admirables…

Les deux amis s’en furent bras dessus, bras dessous en cherchant quel pouvait bien être le fiancé de Sylviane mais le cœur joyeux de savoir que ce n’était pas l’un d’eux.

Deux jours se passèrent. Le second fut pour Sylviane une attente anxieuse qu’elle ne pouvait cacher.

Madame Bullot qu’elle ne quitta guère, ce jour-là, remarquait son visage tour à tour angoissé ou attendri. La malheureuse dame était accablée sous le remords en songeant que Sylviane attendait une réponse à une lettre non écrite…

Elle ne savait comment avouer la chose à la jeune fille et jetait à Annette, qui se trouvait-là, des coups d’œil désespérés.

Celle-ci partageait l’angoisse de la vieille dame et ses regards absorbés témoignaient des efforts mentaux qu’elle tentait pour donner une solution à cette situation tragi-comique.

Si Sylviane fit bonne contenance en ce deuxième jour, il n’en fut pas de même le troisième, et dès le matin, elle alla trouver Madame Bullot.

Quand elle comprit que rien du neveu n’était parvenu à la tante, elle eut les larmes aux yeux :

— Ma chérie… commença Madame Bullot.

— Oh ! Madame n’essayez pas de me consoler… j’ai deviné que Luc ne voulait plus de moi…

— Mais non… ma petite enfant…

Après cette dénégation, faite vivement, la bonne dame s’arrêta un instant pour chercher ses mots, puis elle reprit bravement :

— Écoutez un détail burlesque… Luc était tellement désespéré par vos fiançailles supposées