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— Quoi ?

— Vous vous trompez totalement !

Et, riant de tout son cœur triomphant, Sylviane se sauva, laissant Louis Dormont sur place, le regard exorbité, par cette réponse et le visage radieux qui s’enfuyait.

Il murmura enfin : Avec qui est-elle fiancée… alors ? Ce ne peut être avec Saint-Wiff qui a failli s’évanouir en surprenant notre conversation… Puis il est parti… or… un homme heureux ne prend pas le train… Serait-ce Francis qui m’aurait si bien caché son jeu ?… ah ! par exemple !…

Les deux amis qui étaient à la recherche l’un de l’autre, se rencontrèrent fatalement.

Leurs traits étaient empreints d’une telle colère vengeresse qu’ils s’abordèrent comme deux coqs.

— D’où viens-tu ?

— Je viens de rencontrer mademoiselle Foubry.

— Moi aussi…

— Elle n’est pas fiancée avec de Blave…

— Il paraît que non…

— Avec qui alors ?

— Je me le demande…

Le visage des deux rivaux se détendirent après cette escarmouche. Ils avaient deviné dans leurs traits concentrés, que le bonheur radieux d’un souhait accompli n’habitait pas leur âme.

— J’ai pu causer avec elle…

— Mois aussi…

— Je lui ai clairement fait comprendre que son intelligence était gênante pour un mari… sans quoi je l’aurais demandée en mariage…

— Je lui ai tenu un discours analogue… en lui laissant entendre que seule… sa beauté m’éloignait d’elle…

— Peuh !… mon cher… une femme trop intelligente… que c’est donc idiot tout au long d’une vie !…

— Ah ! mon pauvre… une femme trop belle… ce que l’existence peut en être enlaidée !

— Mais cette Sylviane est gentille… et ne voulant pas lui causer de peine en lui laissant croire