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assurance et une douceur tout ensemble lui donnaient encore plus de charme. Elle fut affectueuse et naturelle et il admira sa sensibilité, et son humilité qui se cachait sous tant de beauté.

Il n’en estima que davantage la jeune fille et la félicita de ce que la vie lui devînt propice après les angoisses subies pour son avenir. Les soucis s’effaçaient. Le présent était coloré, joyeux. Luc allait revenir et Sylviane imaginait son regard enchanté.

Aujourd’hui la lettre de sa tante lui arrivait et elle évoquait son visage.

Radieuse, elle s’en allait par les chemins, seule, recherchant la solitude pour s’absorber plus facilement dans sa chère vision.

Elle rencontra Francis Balor.

Après qu’il l’eût saluée, il lui dit :

— Je suis heureux, mademoiselle, de vous féliciter à l’occasion de vos fiançailles. Jamais une jeune fille n’a mieux mérité son bonheur ; vous êtes la femme la plus charmante, la plus…

— Si vous ne cherchiez plus d’autres adjectifs, monsieur, ce doit être fatiguant.

— Oh ! mademoiselle, ne m’empêchez pas de vous dire ce que je garde en moi, depuis si longtemps !

— Si longtemps ! trois semaines.

— Trois éternités, mademoiselle. Croyez-vous que ce ne soit pas long pour un enthousiaste de voir passer les jours sans que sa ferveur puisse se dévoiler ?

— Vous choisissez un moment bizarre pour me faire une déclaration. N’avez-vous pas dit vous-même, tout à l’heure, que j’étais fiancée ?

— Oui, mademoiselle.

— Je ne dois donc plus écouter vos paroles. Pourquoi n’avez-vous pas parlé plus tôt ?

Sylviane Foubry posait cette question, poussée par une curiosité qui lui venait soudain de connaître la pensée masculine. Elle ne s’illusionnait pas outre mesure de la franchise qui sortirait des lèvres de Balor, mais une sorte de gaîté indulgente et malicieuse l’envahissait et elle