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ver Luc pour lui annoncer ce bonheur qu’il n’espérait plus.

La vieille dame se domina et dit avec assez de gaîté à Annette :

— Tout s’arrange. Cette chère Sylviane vient de me confier sa tendresse pour Luc, et j’en suis heureuse pour lui.

Sans en entendre davantage, Annette comprit et embrassant Sylviane, elle lui dit :

— Quelle joie aura Monsieur Saint-Wiff, si vous saviez combien il vous aime.

Émue, Sylviane écouta les choses charmantes qu’Annette lui révéla.

Madame Bullot écoutait les deux jeunes filles et une pensée constante l’assombrissait : Où vais-je retrouver Luc ? Pourvu qu’il ne se livre pas à quelque extrémité irréparable ! S’il repartait pour le Caucase ou l’Égypte, je n’ose y songer !

— Écrivez sans tarder à Luc, chère Madame, murmura Sylviane.

— Oui, ma chérie.

La pauvre femme ne savait comment s’évader de cette impasse.

— Il sera si heureux, renchérit Annette, qu’il ne faut pas le faire attendre un jour.

— Pas un jour, appuya Madame Bullot au supplice. Avouer que dans leur désarroi, ils ne s’étaient inquiétés ni l’un, ni l’autre du lieu où ils pourraient s’écrire, lui paraissait le comble de la stupidité et de l’étourderie.

— Savez-vous, disait Sylviane à Annette, que j’ai été jalouse de vous ?

— Je m’en suis aperçue, mais je suis fiancée depuis longtemps.

— Oui, dit Madame Bullot, votre grand’mère m’a fait part de ce projet.

— Je vous adresse tous mes compliments, ajouta Sylviane encore plus radieuse.

— On devait encore taire ce secret de Polichinelle, lança Annette rieuse, mais les circonstances nous l’ont fait ébruiter plus tôt.

— Je vais aller trouver mon malade, pour lui