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— C’est sûr.

— Alors, ta sœur est un roc ?

— J’excepte ma sœur et ta cousine.

— Tu me rassures.

— Mais vois mademoiselle Foubry, elle est belle, elle est intelligente, et qui va-t-elle épouser ? un boiteux, sans doute, et nous étions si bien.

— Si bien, répéta l’écho.

De l’autre côté de la haie, Luc s’évanouissait presque de stupeur. Que voulaient dire ces paroles ?

— Tu penses qu’il restera boiteux ?

— Le contraire m’étonnerait.

— Alors, elle aurait mieux fait d’épouser Saint-Wiff, il a dû se mettre sur les rangs.

— L’un de nous lui aurait tout aussi bien convenu.

— Oui, certainement, mais sans doute Roger de Blave a parlé le premier. Il avait plus de temps, et il ne se promène pas avec Annette Logral.

— Tu crois qu’elle est fiancée avec de Blave, vraiment ?

— J’en suis certain.

— Il est bien, il a de l’allure.

— Peuh ! nous le valons !

— C’est entendu, mais nous pouvons lui laisser ses qualités.

Luc Saint-Wiff parvint à se lever. Il éprouvait le besoin de parler, de se donner du mouvement. Il étouffait et voulait se persuader qu’il rêvait et qu’il était impossible que Sylviane, qui semblait l’aimer, se fût fiancée ainsi subitement.

— Bonjour messieurs !

Louis et Francis levèrent la tête. Ils aperçurent par-dessus la haie le visage blême de Luc et ils furent surpris de l’expression de douleur qui s’y lisait.

Ils se regardèrent et se comprirent : Luc venait d’être puni de son indiscrétion en apprenant les fiançailles de Sylviane Foubry.

— Messieurs, j’ai entendu par hasard quelques mots de votre conversation, je somnolais à l’ombre de cette haie, je suis un peu souffrant.