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— Parfaitement. Je jugeais que vivre au milieu de la nature ne pouvait que m’être salutaire. J’ai exprimé ces pensées à ces deux êtres primitifs, mais plus je développais mes idées, moins ils les comprenaient. Au lieu de se dire qu’ils étaient sans doute bornés dans leur intelligence, ils ont cru plus simple, de me prendre pour une toquée.

— Seigneur ! s’écria M. Pirotte en riant.

— Je n’invente rien. Tant que j’ai gratifié ces gens stupides de louanges, ils me prenaient pour une jeune fille sensée, mais dès que la balance penchait sous le poids d’un de leurs défauts, je redevenais folle pour eux. Puis, quand enfin, j’ai voulu leur rendre service en les éclairant sur leurs propres personnages, ils ont fait un charivari honteux. Vous voyez donc, Monsieur que je ne suis pas responsable. M. Pirotte se serait amusé s’il n’avait pas craint la désertion de son garde. Aussi conservait-il un peu d’humeur contre Suzette.

— C’est fort regrettable, dit-il, que tu te sois permis de pareilles libertés. Tes parents t’ont souvent répété qu’une fillette de ton âge devait se taire et non pas donner des leçons.

— Je le sais, Monsieur, mais n’oubliez pas que j’ai le désir de me perfectionner et que le mensonge est un terrible péché. Il cause des malheurs.

— Qui te parle de mentir ? on te prie simplement de te taire.