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pense d’eux, n’avaient qu’à écouter tranquillement ce que je leur disais. Au lieu de cela, ils sont entrés dans une colère folle.

— Si on t’abreuvait de tout ce que l’on pense de toi, serais-tu ravie ? dit Mme Lassonat.

— Personne ne se gêne, riposta Suzette avec assez de logique.

— En attendant, je perdrai peut-être deux bons serviteurs, murmura M. Pirotte mécontent.

— Tu vois tous les ennuis que tu causes ! renchérit M. Lassonat.

Suzette ne répliqua plus. Elle ne se donnait pas tort et elle persistait à s’étonner que les gens ne fussent pas plus conséquents avec eux-mêmes.

Elle s’en ouvrit à Bob qu’elle retrouva jouant tranquillement avec le fils du fermier.

Aux considérations que sa sœur lui exposa, le jeune garçon répondit :

— Moi, je n’y comprends rien. Je croyais que mentir était laid et je constate que dire la vérité provoque des drames. Dans tous les cas, je sais une chose, c’est que, nous, les enfants, nous sommes moins susceptibles que les grandes personnes. Avec Jules, le petit fermier, nous nous traitons d’idiots ou de mauvaise tête, et nous restons toujours aussi bons amis.

— Oui, c’est vraiment étrange, murmura Suzette pensivement.

— À ta place, je ne m’entêterais pas à corriger les gens de leurs défauts.

— C’est pourtant charitable de les éclairer.