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lences ! Je le dirai à M. Pirotte et je m’en irai de sa maison… C’est lui, sans doute, qui vous a chargée de cette commission ?

Elle brandissait une longue cuillère à pot, et Suzette avait très peur de recevoir cet ustensile de cuisine à la tête.

Elle répliqua cependant :

— Je me figurais que vous me compreniez, je croyais que vous étiez intelligente.

— Çà ! çà ! vous voulez encore me faire passer pour une bête !

Ses cris attirèrent son mari qui rentra.

— Tu as donc eu une vérité, toi aussi ?

— Elle m’a dit que j’étais avare !

— Eh ! eh ! ce n’est pas mal trouvé ! mais elle a un peu trop dit que j’étais un ivrogne…

Le respect avait totalement disparu, Suzette contemplait les deux offensés qui se démenaient cherchant des excuses à leurs défauts mutuels.

Elle restait impassible, ne pouvant que répéter :

— C’est curieux que vous ne puissiez supporter qu’on vous avertisse de vos tares. Ce serait si facile pour vous de vous corriger.

Le couple ne s’occupait plus d’elle. Leur colère se tournait l’un contre l’autre et quand les parents de Suzette revinrent en compagnie de M. et de Mme Pirotte, ce fut pour assister à une avalanche de reproches que se lançaient les deux époux.