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— Mais… mais… qui vous a permis de me donner ce paquet ? rugit le garde.

Évidemment, il avait un vilain penchant pour la boisson. Son nez et ses joues cramoisies l’avaient trahi et Suzette, observatrice, s’était emparée de cet atout, mais elle était bien jeune pour le sermonner.

Pendant qu’il allait devant sa porte pour calmer l’irritation qui montait en lui, sa femme restée seule avec Suzette, se rapprocha d’elle pour lui souffler tout bas :

— Je suis bien contente que vous ayez prévenu mon mari de son défaut. Il boit trop, c’est la vérité, et cela me donne bien du souci…

Enfin Suzette était comprise ! Cette femme lui savait gré de sa franchise. Quelle satisfaction de constater que son effort était couronné de succès.

Elle se redressait et oubliait les algarades subies.

Elle répondit d’un ton légèrement protecteur :

— Ma pauvre femme, je ne sais pas s’il y a grand’chose à faire. Il faudrait que votre mari se persuadât lui-même du désastre où il court.

Ces paroles frappèrent vivement la paysanne. Elle leur trouvait un sens juste et elle s’étonna que son mari eût qualifié cette fillette de simple d’esprit.

Elle risqua timidement :

— Puisque vous avez si bien découvert ce qui