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chez M. Pirotte et je sais que vous êtes, un de ses gardes. Cela suffit.

— Çà, vous avez de la répartie…

Il pensa : Elle a encore de la logique tout de même… Puisque sa manie est de dire des insolences aux gens sur leur beauté, à ce que prétend ma bourgeoise, j’vas flatter c’te manie…

— Me trouvez-vous beau ? questionna-t-il.

— Vous avez dû l’être. Vos traits sont réguliers selon ce que j’apprends en dessin.

— Eh ! mais, répliqua le garde en se rengorgeant, vous voyez juste. J’étais dans les mieux, pour ne pas me vanter d’être le mieux de mon village, n’est-ce pas, ma femme ?

Le garde songeait maintenant : elle n’est pas aussi piquée que je le croyais, elle est encore futée dans son malheur.

Suzette était enchantée par la perspective de séjourner dans cette forêt. Elle se promettait d’arracher à ses parents, l’autorisation de rester quelques jours dans cette solitude.

Voulant tout mettre au point, elle s’enquit :

— Où est-ce que je coucherai ?

— Ici, dit le garde. Ma femme vous préparera une paillasse.

— Elle est propre ?

— Hein ! faudrait voir à être sérieuse. J’suis un ancien soldat et vous pouvez vous rendre compte que ma femme tient proprement la cagna.

— Je ne voulais pas vous blesser. Ah !