parce qu’elle ne ment pas assez. Elle a le cerveau fêlé, c’est certain. Je ne veux pas la contrarier, elle pourrait devenir méchante. Ses parents vont venir la rechercher tout à l’heure, et ce n’est pas la peine de l’exciter…
— Alors, comme ça, reprit-il tout haut, vous allez demeurer avec nous, dans c’te cabane des bois ?
— Oui, si cela ne vous dérange pas. Je paierai ma part.
— Ça nous fera une compagnie. Nous n’avons qu’un chien. Nous sommes de braves gens et nous aimons obliger le monde.
— Je serai bien contente de connaître la vie des bois. Vous vous promenez toute la journée ?
— À peu près ! Je visite mes pièges et je surveille les braconniers.
— Ce n’est pas très difficile en somme !
— Cela demande du flair, de la ruse et de l’habileté… j’suis plus malin que je n’en ai l’air, vous savez !
— Ah !
Cet « ah » un peu douteux plongea le garde dans un malaise. Il reprit :
— Vous ne me trouvez pas malin ?
— À dire vrai… non… répliqua Suzette.
— Oh ! peut-on ! cria la femme rouge comme une fraise.
— Non ? hurla le garde offensé, comment que vous me trouvez alors ?