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vous aimeriez vivre comme moi, dans la forêt ?

— Oh ! oui.

— Et moi, je voudrais être dans une ville ! Vous avez pourtant l’air d’être heureuse chez vos parents.

— Qu’appelez-vous être heureuse ?

La femme se gratta la tête avec son aiguille à tricoter.

— Dame ! vous avez vot’manger et vot’boire, et peut-être des chatteries avec. Vous avez une belle robe et c’est possible que vous vous amusiez encore à aller à l’école.

Suzette admira la naïveté de cette paysanne pour qui « aller à l’école » constituait un amusement.

Elle répondit cependant sans allusion à cette réflexion :

— Oui, j’ai tout cela… mais malheureusement il faut mentir.

— Mentir… et pourquoi ?

— Vous allez comprendre tout de suite… prononça Suzette. Supposez que vous soyez très laide et que je vous laisse croire que vous êtes belle.

— Comme qui dirait pour m’encourager, interrompit la femme.

— Ce n’est pas tout à fait cela… Je vous dirais par exemple : « Ma belle dame, comment vous portez-vous ? » donc, je mentirais, puisque vous seriez laide.

— Je comprends maintenant.