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— Vous ambitionnez toujours le champ de Mme Durtêt ?

— Veux-tu te taire ! répliqua vivement M. Pirotte, il ne faut pas dire ces choses trop haut, parce que des oreilles peuvent entendre et que le prix de ce champ augmenterait en proportion de notre désir de le posséder.

— Enfin, vous flattez cette dame, poursuivit Suzette avec autorité.

— Pas du tout… on n’est qu’aimables.

— Vous lui portez des douceurs en lui en promettant d’autres, telles que fraises, pommes, poires, raisin, mais sans lui avouer le but de vos prodigalités. Vous vous donnez beaucoup de mal et quand vous sortez de chez elle, vous dites : « Ouf ! quel métier que de vouloir acheter un terrain à une femme têtue ! quand j’aurai ce que je veux, je ne mettrai plus les pieds chez cette sotte. » Ah ! ce n’est pas beau, M. Pirotte, d’agir ainsi !

— Tu es épouvantable ! s’écria M. Pirotte en riant, mais je tiens à ce bout de terre et si je le lui dis tout uniment, elle me fera languir et par surcroît, je paierai le double.

— Elle n’est pas bien riche.

— Elle en a bien assez, c’est une femme qui n’a plus besoin de rien.

— C’est commode de dire cela ! Moi, je sais qu’elle est charitable et votre argent serait bien placé.

— Eh ! eh ! tu t’es livrée à une enquête ?