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Dès qu’elle fut seule avec son amie, elle lui conta les méfaits de sa fille, dus à cette manie de proclamer la vérité.

Mme Pirotte rit beaucoup et félicita son amie de posséder une enfant aussi franche.

— Vous devriez être bien heureuse de ce caractère si net qui ne transige ni avec le mensonge, ni avec la fausseté… Glorifiez-vous-en, chère amie !

Ces dames allèrent rejoindre leurs maris, et bientôt tout le monde se trouva réuni.

M. Pirotte contemplait Suzette d’un air amusé. Elle se douta que ses parents avaient dû parler d’elle et elle en fut choquée intérieurement.

Son dernier doute s’envola quand elle entendit M. Pirotte lui dire :

— Il paraît que tu es une bonne femme sans fard, qui cingle les humains avec leurs travers. Ici, nous n’avons pas de susceptibilité et tu t’en prendras aussi, si tu veux, à nos troupeaux et à notre basse-cour. Ce monde inférieur te regardera paisiblement quand tu voudras le former.

Il rit joyeusement.

L’amour-propre naissait en Suzette. Elle était persuadée d’être dans le droit chemin. Qu’on lui parlât de ses défauts quand ils se faisaient sentir, lui paraissait équitable, mais elle était vexée de l’air narquois qui accompagnait ces paroles.