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figures aisément combien j’ai été peinée d’entendre ton appréciation qui était l’écho de celle de tes parents et d’autres personnes. C’est cruel pour une mère, d’apprendre une réalité aussi dure.

— Ne saviez-vous réellement pas que vos enfants étaient laids ? demanda Suzette avec une parfaite candeur.

La colère de Mme Brabane reparut.

— Tu n’es qu’une insolente ! j’allais avoir pitié de toi et tu renouvelles tes impertinences.

— Ne vous fâchez pas, Madame, supplia Suzette avec des yeux attendrissants. Je suis ici dans une bonne intention. Je veux parler au nom de la vérité et rien ne pourra m’arrêter. Je suis très peinée de savoir que vous vous illusionnez sur le compte de Marie et de Paul, et je viens vous apporter l’adresse d’une école de beauté. Si vous y conduisez régulièrement vos enfants, ils auront leur figure changée en un rien de temps. C’est spécifié sur le prospectus.

Suzette avait débité ce discours tout d’une haleine. Mme Brabane roulait des yeux terribles, suffoquée par l’indignation.

— Eh ! bien ! eh ! bien ! si je m’attendais à une sortie pareille ! C’est scandaleux !

Marie pleurait sur son cahier.

— Tu vas t’en aller et tout de suite ! c’est un comble ! venir chez moi pour me raconter de tels boniments ! tu te moques de moi avec une audace incroyable !