— Quelle tranquille audace.
— Ce n’est pas de l’audace, mais une conscience nette, trancha Suzette.
— Tu es suspectée par tes compagnes, et c’est un déshonneur.
— Sera déshonorée celle qui a commis le péché, mais non moi. Attendons ses remords.
Demi-rassurée, demi-furieuse, mais à coup sûr, très mécontente, Mme Lassonat poursuivit :
— Je ne sais pas comment tu t’y prends, mais à cause de toi, des choses impossibles surviennent sans cesse !
— Oh ! « sans cesse » maman ! Tu crois donc qu’il n’y a que chez nous que des incidents semblables se passent ? Partout où il y a des enfants, c’est la même chose, et puis, dans le monde, c’est encore pareil, c’est la vie.
— Pas de morale, ni de grandes phrases, interrompit Mme Lassonat, mortifiée. Quand je vais raconter cela à ton père, il sera plus décidé que jamais à ne pas te laisser nous accompagner chez les Brabane. Je me leurrais de l’espoir que d’ici là, je pourrais le fléchir. Mais, je n’interviendrai pas, décidément.
— Tu auras raison, maman… rien de si pernicieux pour l’éducation, qu’une punition qu’on lève sans cause.
— Oh !
Fort heureusement pour Suzette, Justine vint s’enquérir pour l’entremets du dîner.
Suzette réintégra sa chambre, où sa mère la