Page:Fiel - Suzette et la vérité, 1933.pdf/183

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

jours. Citez-moi un homme, un seul, qui puisse gagner si peu et en faire autant ?

— On te nourrit, on t’habille, on te loge.

— Et on m’éclaire… sur mes défauts, poursuivit Bob, mais comment pourrais-je faire avec 16 francs par mois pour subvenir à mes besoins ?

Mme Lassonat s’écria :

— C’est inimaginable !

M. Lassonat fut sur le point d’admirer son fils, mais il eut le courage de se modérer, et dans son admiration et dans sa colère, il reprit :

— Tu n’es qu’un enfant.

— Permets, papa. Ce mot « d’enfant » devrait être appliqué à un bébé qui ne sait ni parler ni marcher. Je ne suis plus un enfant du moment que je sais penser. Tu me dis sans arrêt que pour être un homme, il faut s’affirmer et tu me traites en enfant. Comment est-ce que je développerai mon intelligence si tu ne me laisses pas agir en homme ?

Je ne suis pas sot et je vais avoir dix ans. Il est temps qu’on me laisse à mes idées.

— Ciel, s’écria Mme Lassonat.

— Explique-toi.

— Eh ! bien, d’abord, je veux sortir seul. Quand je suis accompagné par Sidonie, elle a plus peur que moi, des passages cloutés, donc je la conduis et elle m’est parfaitement inutile.

— Mais tu auras l’air d’un gamin des rues ! s’offusqua Mme Lassonat.